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Avis des lecteurs

PÊLE-MÊLE

Bonsoir,

Je viens de commencer la lecture de vos réflexions qui déjà m'apparaissent si denses qu'elles méritent d'être goûtées patiemment, posément, les unes après les autres.

Sans précipitation, je vais tenter de vous livrer mes inspirations en les découvrant. Ce faisant je partage pleinement le commentaire de Mary Mye.

D'entrée vous me donnez l'envie de relire ce texte de V. Wolf, Les vagues. J'ai totalement oublié ce qu'il évoque. Triste effet du temps sur la mémoire... S'agissant du geste, vous m'avez fait penser à ceux encore à la recherche d'une perfection dans leur art ou leur sport. Certes l'entraînement les conduit à l'automatisme, mais pour mieux le reproduire, un peu à l'image du semeur. Par la perfection de sa réalisation, ils se distinguent du commun des mortels qui n'en reste qu'au balbutiement.

Si rien n'est certain pour l'écrivain quant à sa destination finale, ce dont je conviens pleinement pour l'avoir expérimenté, ne sachant bâtir un plan de route avant de me lancer à l'assaut des vagues, cette incertitude ne se traduit pas irrémédiablement vers le naufrage. On aborde, parfois, une île qui à défaut d'être non répertoriée, nous comble par sa découverte inattendue. Le plus ardu reste alors de débusquer les incohérences dans le parcours qui nous y amène! Cela n'en fait pas pour autant le texte miraculeux que vous évoquiez juste avant. Il faut garder pour nous toute la modestie de cette aventure!

Je vous rejoint sur le travelling. J'aime votre image pour décrire le trajet du temps qui passe depuis la jeunesse qui aspire à se construire un avenir, jusqu'à la vieillesse qui s'invente un passé... Pour finir paisiblement allongé dans la tombe. Difficile de n'y demeurer paisiblement quand on ne risque plus aucun trouble de voisinage!

Vieillir est effectivement une option curieuse. Ce n'est qu'une affaire de temps qui s'écoule selon un rythme uniforme, et pourtant on se découvre vieux un jour, comme si tout nous tombait dessus brutalement. On s'aperçoit alors qu'on n'a pas vu le temps passé, alors qu'il joue franc jeu, à vitesse constante. On le sait très bien d'ailleurs... Quel paradoxe! Il n'accélère même pas dans notre descente! Un comble! Pourtant il provoque notre chute! Je vais en garder sous la pédale pour les jours prochains. Mais vraiment j'adore vous lire. Vous me mettez du baume à l'âme!

C'est une bonne question que celle de l'impact négatif qu'aurait le travail intellectuel sur notre cerveau. A force de se prendre la tête avec des questions qui ne se posent pas, nous risquons de l'esquinter comme vous dites. Au moins prenons-la délicatement, à deux mains, et reposons-la à sa place tout aussi délicatement et remettons cela à demain... Cela dit, je crains plus la paresse que le travail pour accélérer notre ramollissement. Au moins le travail des mains justement a des chances de nous remodeler le cerveau!

Pourquoi? Comment? Je ne sais si ce sont des interrogations dangereuses, mais elles sont par nature embarrassantes. Je leur adjoindrai volontiers "sur quoi". Surtout quand il s'agit d'écrire. Elle me poursuit inlassablement. Quand par chance ou par inadvertance, je trouve un semblant de réponse, là "pourquoi" et "comment" viennent saborder mes certitudes... J'admire la certitude de Proust d'avoir vécu plusieurs morts, quand je n'en ai aucune sur la réalité de la mort. Autant la vie me semble palpable, autant la mort est d'une telle irréalité... Existe-t-elle réellement? On disparaît de la vue des autres, notre corps se décompose. Mais notre âme? A mon sens, c'est la Question. Difficile, dangereuse ou sans intérêt car elle ne se pose pas. je ne sais...

Jean-François Le Mestre, le 18 mai 2021 sur Atramenta.


Lu dix pages, je vais continuer... J'aime ces réflexions qui en amènent d'autres, aussi bien chez l'auteur que le lecteur... . Merci Georges-André

Mary Mye, le 2 mai 2021 sur Atramenta.


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