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                372.35.35

 

J’ai eu l’impression

De perdre ta voix

Pour toujours.

Là-bas au bout du fil

Ta voix ne tenait qu’à un fil

Jamais je n’ai autant senti l’espace

Entre nous

Jamais je n’ai été aussi proche de toi

Dans ma détresse

De te savoir lointaine

Et seule

 

Et vivant de mes mots qui voyageaient si mal

 

Car

Une fois encore j’étais tapi dans la pénombre

Je n’avais que mes yeux fixés

Sur la lumière muette de mon téléviseur

Son coupé

Ta voix était mêlée aux images changeantes

Et lentes d’un roman nostalgique et passé

« Un été 42 » que Jean-Pierre a aimé

A l’époque où il n’était pas encore mort

 

Je n’ai pas su venir vers toi

D’aussi loin

J’ai laissé ta voix grelotter à des kilomètres de ta voix

Dans un lieu

Où tu n’étais pas

Et j’ai pensé douloureusement

Aux efforts fragiles de ton corps

Qui tendait ainsi par-dessus tout à me rejoindre

 

J’ai préféré te retrouver

Sur ce papier

Par des mots où je t’ai toute entière

Auxquels il faudra des heures et des heures que je compte

Pour te parvenir

Mais tu sais

Que je n’aurai jamais d’autre moyen de te dire

Que je t’aime

Et tu me pardonneras…

                                                 *

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